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Programme

Colloque 50e anniversaire du département de sciences des religions

Penser le religieux, d’hier à demain : objets, savoirs, interventions

Mardi, le 27 août 2019

  • 13h00 –– Accueil (DS-R505, face à la cour extérieure)
  • 14h00 –– Mot de bienvenue (DS-R510)
  • 14h15 - 15h45 –– Conférence plénière inaugurale : Pierre Lucier (DS-R510)
Conférence plénière inaugurale : Pierre Lucier (Local DS-R510)

Les sciences des religions à l’UQAM : 1969, 2019. Éléments pour une archéologie croisée

1969, 2019 : l’objectif visé est de contribuer à la compréhension de ces deux moments du parcours cinquantenaire du Département de Sciences des religions de l’UQAM, sans entreprendre de parcourir les chemins d’histoire qui les relient et les séparent. Ces deux moments seront plutôt saisis à la façon de deux instantanés, plus attentifs aux différences et aux ruptures qu’au déroulement des événements qui ont pu marquer le passage de l’un à l’autre. En privilégiant des angles d’observation et d’analyse assez larges et inclusifs pour permettre à la fois la saisie des différences et la cohérence du regard, on se propose ainsi de brosser quelques traits des faits et du pensable qui président à l’un et à l’autre de ces moments. 1969, 2019 : deux contextes, deux états de choses, deux positivités, deux façons de dire et de problématiser, deux ordres du discours et de l’action – deux épistémès, dont la seconde n’émane pas de la première à la façon de quelque fleuve plus ou moins tranquille. 1969, 2019 : deux ensembles d’enjeux de discernement des voies porteuses, dont le premier révèle maintenant mieux sa teneur et dont le second est toujours en cours dans l’inévitable pari en quoi consiste le déchiffrage de l’opportun, du faisable et du durable.

  • Pierre Lucier, Professeur associé à l'INRS Urbanisation, culture, société, et Professeur invité en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
  • 15h45 - 16h15 –– Pause-café (près du DS-R520)
  • 16h15 - 17h45 –– Session 1
Changements religieux dans l’Himalaya contemporain (1) (Local DS-1540)

Les faits religieux himalayens sont caractérisés par une multiplicité de traditions religieuses : l’hindouisme et le bouddhisme dominants, mais aussi l’islam, le christianisme, et les cultes locaux. Ces faits religieux se transforment en réaction aux bouleversements politiques, sociaux et climatiques qui traversent ces régions (sécularisation, conversions, migrations, revendications ethniques et identitaires, fonte des glaciers) ainsi qu’à l’émergence de nouveaux langages et valeurs (par exemple les droits de l’homme, des animaux et de l’environnement). Cette séance vise à rendre compte de certains de ces changements en prenant comme cas d’étude les conversions au christianisme au Népal, les interprétations bouddhiques des changements environnementaux au Ladakh, et la mise en cause de la tradition sacrificielle hindoue au Népal.

Organisatrice : Chiara Letizia, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/1)

L’amour au temps de l’Anthropocène : Criquets pèlerins, sol et réciprocité au Zanskar dans l’Himalaya indien

Les habitants du Zanskar, une région isolée de l’Himalaya indien, connaissent depuis deux décennies des épisodes d’invasions de criquets pèlerins. Ce phénomène s’inscrit dans une temporalité marquée par le retrait des glaciers et par la diminution des précipitations de neige, changements qui contribuent également à perturber l’agriculture locale. Ces phénomènes sont envisagés par plusieurs bouddhistes du Zanskar comme l’aboutissement de l’influence grandissante de valeurs externes à la vallée du Zanskar et de l’effritement de la relation éthique entre les Zanskarpas et le sol. Cet article se penche sur la résistance à la mort chez les agriculteurs du Zanskar dans ce contexte. Alors que les bureaucrates du département de l’agriculture de l’Inde imposent aux agriculteurs l’élimination des criquets par l’usage d’insecticide, le contexte affectif de l’Anthropocène amène ceux-ci à renoncer à une telle intervention. Outre l’observation d’une prescription normative du Bouddhisme à l’égard des vivants, cette résistance a une finalité transformative. Le maintien de la vie des criquets pèlerins au détriment du bien-être de l’humain constitue pour les Zanskarpas un acte d’amour visant à rétablir la relation de réciprocité avec le sol et avec les nonhumains.

  • Karine Gagné, Professeure adjointe en sociologie et anthropologie, Université de Guelph

Continuité et rupture : une perspective catholique népalaise sur la conversion 

L’anthropologie du christianisme est marquée par un débat à propos de la conversion : entraîne-t-elle continuité ou rupture (Robbins 2007) ? Essentiellement structuré autour des christianismes protestants, le débat profiterait de l’examen d’une plus grande diversité chrétienne, notamment ses manifestations orientales et catholiques (Brown and Feener 2017). Cette présentation répond à ces deux propositions, prenant position dans le débat continuité/rupture à partir d’un examen de la conversion au catholicisme en contexte népalais. Les données recueillies au cours d’un terrain exploratoire conduit au cours de l’été 2016 dans une paroisse du Teraï népalais me permettront d’argumenter pour une conversion catholique opérant à la fois en continuité et en rupture. Alors que la reconnaissance du monde surnaturel local par le clergé et l’inculturation de certaines pratiques culturelles indiquent des formes de continuité, la nouvelle éthique et la nouvelle agentivité religieuse attendues des convertis pointent vers des formes de rupture. Ces ruptures opérées par la conversion ne sauraient toutefois être considérées comme complètes, la mesure d’une conversion étant prise en fonction du (ré)investissement du croyant dans sa communauté.

  • Guillaume Boucher, Doctorant en anthropologie, Université de Montréal

Dévotion ou déviation ? À propos d’une décision de la Cour suprême du Népal sur les sacrifices au temple de Gadhimai 

En 2014, trois pétitions d’intérêt public (PIL) ont été adressées à la Cour Suprême du Népal à l’encontre du sacrifice de masse d’animaux qui a lieu tous les cinq ans au temple de la déesse Gadhimai. Le verdict de la Cour Suprême, publié en 2016, va au-delà du cas particulier de Gadhimai et discute de la pratique du sacrifice animal en général, établissant un précédent applicable à d’autres cas. Tout en reconnaissant que le sacrifice animal est profondément ancré dans la société népalaise, la Cour le condamne au nom de la modernité et du progrès, ordonnant au gouvernement d’adopter des politiques qui mèneront à son abolition éventuelle. La Cour demande par surcroit au gouvernement de définir et d’assurer les droits et le bien-être des animaux, répondant ainsi aux aspirations des activistes. Cette présentation montrera comment les documents de la Cour décrivent le sacrifice sanglant et traduisent ses significations sociales et religieuses dans ce discours moderniste hindou sur la lutte contre les « maux sociaux » qui a pris origine dans les cours de justice de l’Inde coloniale et postcoloniale.

  • Chiara Letizia, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
Bible, femmes et histoire de la réception (Local DS-R510)

Cette session portera sur l’histoire de la réception de quelques textes bibliques relatifs à des femmes et visera, par conséquent, à déplacer notre attention du couple auteur/autrice-texte vers le couple texte-lecteur/lectrice. Motivé.e.s par autre chose que la quête du soi-disant « vrai » sens des textes bibliques et présupposant que le temps qui nous sépare de la production de ces textes bibliques, loin d’être un obstacle, est fécond et permet l’épanouissement de toutes ses potentialités, les conférencières et le conférencier chercheront à répondre à l’une ou l’autre des questions suivantes : Comment certains textes bibliques qui évoquent des femmes ont-ils été interprétés au cours de l’histoire ? Que nous apprennent ces différentes interprétations issues aussi bien du monde juif que du monde chrétien? Que nous disent-elles de la Bible, mais aussi des lecteurs et des lectrices, de leurs milieux de vie, de leurs cultures et de leurs convictions religieuses? Quel effet l’ensemble de ces interprétations passées a-t-il eu sur les réceptions ultérieures et contemporaines de ces textes? En quoi ce travail sur l’histoire des effets des textes bibliques, qui met en évidence leur caractère polyphonique, permet-il de nous distancier de nos propres interprétations? En quoi ce travail, qui vise à examiner les diverses décontextualisations et recontextualisations des textes bibliques, permet-il de relativiser les paradigmes interprétatifs qui dominaient jadis, mais aussi ceux qui dominent de nos jours?

Organisateur : Jean-Jacques Lavoie, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/1)

Une brève histoire de la réception de la femme de 2 Maccabées 7 

Cette communication vise à proposer un survol de quelques textes des traditions juives et chrétiennes où la mère anonyme du chapitre 7 du deuxième livre des Maccabées occupe une place importante. Dans un premier temps, j’analyserai quelques textes rabbiniques dans lesquels cette femme martyre porte différents prénoms. Dans un deuxième temps, j’examinerai quelques écrits du christianisme primitif, plus particulièrement ceux des Églises latine et syriaque, où l’identité de cette femme diffère également. Enfin, je mettrai au jour les ressemblances et les divergences entre ces textes, en vue d’exposer la richesse et la polysémie du chapitre 7 de 2 Maccabées.

  • Isabelle Lemelin, Postdoctorante au Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation, CEFIR ; Chargée de cours en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Les femmes créatrices et salvatrices dans l’iconographie juive antique et médiévale 

Dans le cadre du panel « Bible, femmes et histoire de la réception », je me suis intéressée aux modalités de représentation des personnages féminins dans les principaux corpus figuratifs du judaïsme antique et médiéval, soit : la synagogue de Doura-Europos, peinte au IIIe siècle de notre ère, et les cycles imagés de quelques haggadot sépharades datant de la première moitié du XIVe siècle. En observant simultanément ces deux corpus – entre lesquels s’étend un millénaire qui connaît, dans le judaïsme, un désintérêt quasi total pour la figuration –, on constate que la présence des femmes se caractérise par son association fréquente avec la vie, le salut et la survie, en opposition avec la mort et la violence. Mon corpus de femmes, incluant Shifra et Poua, Yokébed et Miryam, la fille de Pharaon, Rebecca, la veuve de Sarepta et Esther, s’inscrit donc dans des lieux de culte et/ou des livres de prière, tandis que ma méthode consiste à interroger la facture et l’iconographie de personnages composés en fonction d’un cadre essentiellement liturgique.

  • Olga Hazan, Professeure associée en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Culture du viol et poil castrateur : Tamar, fille de David, dans le traité Sanhédrin 21a du Talmud de Babylone 

Dans cette communication, j’explorerai l’interprétation du viol incestueux de Tamar par son demi-frère Amnon (2 S 13,1-22) dans le traité Sanhédrin 21a du Talmud de Babylone. Rabbi Isaac y propose une explication – pour le moins inusitée – du dégoût ressenti par Amnon pour la femme qu’il vient de violer : un poil pubien de Tamar se serait enroulé autour du sexe de l’agresseur, le sectionnant. Le corps de la victime aurait donc réagi au viol par la castration. J’analyserai d’abord le lien intertextuel forgé par les rabbins entre Dt 21,10-14 et 2 S 13,1-22. À travers cette connexion intra-biblique, Tamar est ré-imaginée comme la fille d’une belle captive de guerre païenne et poilue. Son corps, héritant de la double étrangeté maternelle, s’inscrit d’emblée dans une trame de culpabilité. J’explorerai ensuite d’autres textes du Talmud de Babylone où les auteurs insistent sur la pilosité féminine comme un marqueur de différence. En effet, pour les rabbins, ce poil signifie tour à tour une identité non-juive (Tb Nazir 59a), la désobéissance aux ordres divins (Tb Shabbat 62b) et une menace de castration (Tb Gittin 6b). Enfin, j’examinerai la pertinence de la catégorie de « culture du viol » pour penser la représentation talmudique du vagina dentata de Tamar. En effet, le texte trouble la perception de la jeune fille comme victime et survivante en lui accolant un agir de violence.

  • Anne Létourneau, Professeure à l’Institut d’études religieuses, Université de Montréal

Les pièges de la femme et les ambiguïtés d’un texte : étude de Qohélet 7,26 dans l’histoire de l’exégèse juive 

Cette communication vise à présenter une première synthèse de l’histoire de l’interprétation juive de Qo 7,26, un passage réputé pour sa misogynie. Elle comprendra deux parties. Dans la première, j’examinerai six anciennes traductions de Qo 7,26, afin de vérifier si les traducteurs ont cherché à minimiser le caractère misogyne de ce verset. Dans la deuxième partie, je présenterai et j’analyserai diverses interprétations juives de Qo 7,26, notamment celles qui portent sur l’identité de la femme.

  • Jean-Jacques Lavoie, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
Fait religieux et monde numérique (1) (Local DS-1545)

Organisateur : Frédéric Dejean et Stéphanie Tremblay, Professeur.e.s en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/2)

Introduction

  • Stéphanie Tremblay, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
  • Frédéric Dejean, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Les superstitions, un webdoc

« La superstition » : un mot que tout le monde connaît mais quelle définition lui donner ? Est-ce même un terme scientifique ? Très utilisé depuis la Renaissance, il décrit de multiples réalités. En fait, il est utilisé pour disqualifier que ce soit une pratique non-européenne, le rite d’un adversaire, le comportement de populations jugée arriérée… Il incite à décrire l’histoire d’un mot et de son utilisation. C’est ce que se propose ce webdocumentaire. Il se construit sur trois espaces. D’abord un film, autour de la personne de Voltaire, qui explore le Temps des Lumières. Ensuite, une bibliothèque regroupant une soixantaine de ressources (films, cours, textes en pdf...). Enfin un espace pédagogique qui incite les étudiants à composer leur propre film.

  • Philippe Martin, Professeur en histoire moderne, Université Lyon 2 ; Directeur de l’ISERL–Lyon 2

Coran 12-21 : enjeux, difficultés, outils

Le texte saint de l’islam a une histoire, de même que sa présence dans la culture dite « occidentale », puisqu’il est traduit en latin dès le XIIe siècle, à l’initiative de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny. Depuis 2017, une équipe de chercheurs lyonnais conçoit et met en place le site électronique Coran 12-21 : c’est ce travail que l’on aimerait présenter ici. Il s’agit de donner aux savants, mais aussi à un public plus large dont les intérêts peuvent être confessionnels, plusieurs versions anciennes et modernes du Coran. Une présentation synoptique des sourates, la parallélisation des versets quand elle est possible, des contextualisations précises permettent de comparer ces versions et de les rapporter aux représentations de l’islam qui ont cours au XXIe siècle. Bien entendu, un tel transfert de connaissances ne va pas sans difficultés, sur une matière de plus en plus sensible dans le débat public : on expliquera aussi quels outils l’équipe mobilise pour résoudre ces difficultés.

  • Tristan Vigliano, Professeur, Université Lyon 2, ISERL–Lyon 2

18h00 - 19h30 – Cocktail / Hommage au Professeur émérite Louis Rousseau / Prestation musicale

Cocktail (Centre Pierre Péladeau, Foyer Balcon - Pavillon Q)
  • Cocktail
  • Hommage au Professeur émérite Louis Rousseau (UQAM)
  • Florilège de chanson francophone
    • Chant : Élodie Poirier-Fournier
    • Guitare : Étienne Vézina

Mercredi, le 28 août 2019

  • 08h30 - 9h00 –– Accueil (DS-R505, face à la cour extérieure)
  • 09h00 - 10h30 –– Conférence plénière : Solange Lefebvre et Peter Beyer (DS-R510)
Conférence plénière : Solange Lefebvre et Peter Beyer (Local DS-R510)

Critiques de la religion, entre sciences des religions et théologies

Le développement exponentiel des études de la religion depuis le début des années 2000 s’accompagne de l’émergence de défis inédits pour l’étude du religieux : tenir à son propos un discours public, contenir ses excès, objectiver ses sources d’anxiété, gagner son respect, penser son éclatement considérable, transmettre ses filiations, élaborer sa critique.  Curieusement, ces défis concernent tout autant la théologie que les sciences sociales et les humanités, dont les chemins se croisent de plus en plus fréquemment.   L’exposé se penchera sur des lieux d’élaboration de ces chantiers de travail.

  • Solange Lefebvre, Professeure à l’Institut d’études religieuses ; Titulaire de la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse, Université de Montréal

Lorsque le religieux n’est plus les religions : une question de forme sociale

Dans plusieurs régions du monde, notamment en Amérique du Nord, la pluralisation des religions s’accompagne d’un effondrement progressif des leurs formes, surtout les confessions jusqu’à tout récemment dominantes, les confessions « nationales », qu’elles soient catholique ou protestantes. Loin d’être une simple sécularisation de la société, ces développements signalent plutôt une diminution de la force de la religion, une désinstitutionnalisation accompagnée par un déplacement partiel du contenu et des fonctions des religions dans d’autres formes, qui ne sont pas la religion, mais plutôt des formes de la « non-religion », y compris la spiritualité, la culture, les valeurs et d’autres formes que nous ne pouvons pas encore reconnaître parce qu’elles sont en voie de formation. La situation nécessite le développement, dans les disciplines qui font l’observation de la religion et du religieux, de nouveaux concepts, d’opérationnalisation de ces concepts et ainsi de nouvelles méthodes de recherches qui peuvent discerner ces nouvelles formes. Des résultats de recherches récentes qui traitent de ces questions serviront d’illustration de l’analyse.

  • Peter Beyer, Professeur en sciences des religions, Université d'Ottawa
  • 10h30 - 11h00 –– Pause-café (près du DS-R520)
  • 11h00 - 12h30 –– Session 2
Voie/x de musulmans et musulmanes du Québec (1) (Local DS-1540)

Portrait des communautés musulmanes au Québec: présentation des réalités ethniques et confessionnelles à Montréal et en région, et le profil de convertis à l’islam.

Organisatrice : Roxanne D. Marcotte Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/3)

Les musulmans québécois : de la communauté de foi à la pluralité des destins socioprofessionnels individuels

Le récit populaire et médiatique parle souvent de la population québécoise de religion musulmane en terme de « communauté », une vision qui s’impose d’autant plus aisément qu’elle est portée par les milieux confessionnels eux-mêmes. Or l’étude des réalités ethniques et confessionnelles – d’une variété et d’une complexité insoupçonnées – oblige d’abord à identifier une multiplicité de communautés ethnoconfessionnelles à l’image de plusieurs lieux de culte. Ensuite, les réalités sociologiques, comme la dispersion géographique de l’insertion urbaine et régionale des familles, les visées de la haute scolarisation et l’éventail des milieux professionnels investis, laissent voir l’éclatement des destins individuels. La présente communication présentera quelques traits saillants caractérisant cette population statistique, principalement à partir des données genrées du recensement de 2011.

  • Frédéric Castel, Chargé de cours en sciences des religions et géographie, Université du Québec à Montréal, UQAM

Vivre l’islam en dehors de la métropole : portrait homogène ou disparate ?

La problématique liée aux minorités musulmanes en région québécoise est un sujet encore peu exploré par les sciences sociales en comparaison des travaux réalisés à Montréal. Néanmoins, les processus décrits en région, même s’ils touchent peu de personnes et qu’ils ne reposent que sur des micros communautés, éclairent la réalité vécue par ces individus, et nuancent le portrait du pluralisme québécois. L’objectif de cette communication est d’apporter un éclairage sur les expériences d’« être musulman », ainsi que la pratique de l’islam en dehors de la région métropolitaine montréalaise. Ces expériences révèlent l’existence de modes d’identification à l’islam différenciés : entre un islam communautaire et un islam laïque et citoyen. À l’intérieur de chacune de ces catégories sont mises en scène une variété de pratiques qui témoignent des transformations en contexte d’immigration, se situant entre le maintien des traditions et leurs adaptations. Nos analyses s’appuient sur des recherches qualitatives (observations directes et participantes, entretiens semi-dirigés) menées depuis 2007 dans plusieurs régions du Québec. Nous chercherons à mieux comprendre la diversité des pratiques et des appartenances, rendant impossible l’appréhension d’une communauté musulmane au sens sociologique du terme. Pour conclure, ces expériences diverses s’accompagnent de rapports différents à la citoyenneté et à la laïcité, et ouvrent à une réflexion sur le pluralisme religieux au Québec.

  • Yannick Boucher, Doctorant et chargé de cours en anthropologie, Université de Montréal

La voie/x des converties à l’islam au Québec ou l’émergence d’une islamité québécoise ?

Parmi les populations musulmanes minoritaires établies dans les pays sécularisés, celles du Québec présentent une singularité qui leur est propre : issues de vagues d’immigration récente mais non moins significatives, elles proviennent en général de pays musulmans liés à la francophonie. La disparité des origines ethniques, appropriations culturelles de l’islam, pratiques langagières et niveaux d’éducation de ces populations en fait la diversité. Dans ce paysage, les convertis à l’islam affichent un profil particulier : bien qu’ayant souvent rencontré l’islam par l’intermédiaire d’un musulman de naissance, ils aiment à distinguer l’islam des musulmans, et revendiquent la pratique d’un islam dit « authentique » qu’ils opposent à celui de Musulmans de naissance ou radicalisés, car nourri de l’étude des écritures et affranchi de toute influence locale. La forte activité communautaire et l’engagement social et politique de ces convertis, ainsi que leur réseautage dense assurent le dynamisme de cette vision de l’islam dans la province, et l’émergence d’un Islam du Québec. À partir d’une étude ethnographique menée auprès de convertis à l’islam au Québec de façon non continue depuis 2006, nous examinerons les conditions d’apparition, caractéristiques ainsi que les possibilités et orientations de développement de cette « islamité québécoise »

  • Géraldine Mossière, Professeure à l'Institut d’études religieuses, Université de Montréal
Autour de La religion de près (1) (Local DS-1525)

Organisateur : Frédéric Dejean, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/2)

Les actions et les présences

A l’occasion de la session que propose d’organiser Frédéric Dejean à propos de mon ouvrage La religion de près. L’activité religieuse en train de se faire (1999), je présenterai dans un premier temps ce qui me semble les fondements théoriques et méthodologiques de cette recherche : la focalisation sur le « en train de se faire » et l’originalité de cette approche dans un des trois grands univers religieux contemporains, la place accordée à l’acteur « Dieu » pour rendre compte des situations observées, l’observation en continu d’un prêtre en particulier pendant une semaine avec la restitution des notes, au plus près du concret, la définition de l’activité religieuse comme gestion de controverses non clôturées.  Dans un second temps, je tenterai de montrer comment ces différents points se sont précisés et nuancés au fil des années, en insistant sur les points forts et les limites du « théisme méthodologique », ainsi que sur le complément apporté au concept d’action par celui de présence.

  • Albert Piette, Professeur en anthropologie, Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense

La religion de près ou la bonne échelle géographique pour observer la religion « en train de se faire

Dans La religion de près, Albert Piette va au plus près des situations et considère « les activités dans leurs concrétudes quotidiennes, en décrivant les hommes qui les accomplissent, de situation particulière en situation particulière ». Un tel programme de recherche possède une dimension géographique que je propose d’explorer. En effet, l’approche spatiale de la religion est opératoire à plusieurs échelles : du macro au micro, depuis l’étude des grandes circulations mondiales des biens religieux jusqu’à l’analyse fine du religieux à l’échelon local. C’est précisément à cette échelle que l’« activité religieuse en train de se faire » peut être appréhendée. Cette présentation sera l’occasion de proposer une lecture géographique de La religion de près et de montrer comment le programme de recherche proposé par Albert Piette coïncide avec une approche géographique des faits religieux soucieuse de voir dans les lieux du religieux, plus que la projection dans l’espace du jeu des interactions sociales, les conditions de possibilité même de l’activité religieuse.

  • Frédéric Dejean, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
Cosmopolitiques et dynamiques religieuses autochtones : savoirs locaux et réseaux transnationaux (1) (Local DS-R510)

Organisateurs : Laurent Jérôme, Professeur et Anne-Marie Colpron, Professeure associée en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/5)

De l’importance du concept d’entité-maître pour repenser la relation décrite par les chamanes avec leurs entités auxiliaires

L’importance du concept d’« entité maître » pour repenser la relation décrite par les chamanes avec leurs entités auxiliaires et plus généralement les relations avec les entités  non-humaines (animales, végétales, etc.) nous paraît fondamentale. Le concept « d’entité-auxiliaire » désigne un autre qu’humain auquel se réfère le chamane en terme d’alliance ou de filiation, par exemple. L’anthropologie a longtemps traduit en termes essentiellement magico-religieux cette relation invoquée par les chamanes. Cependant, le fait que les chamanes se réfèrent à des entités prototypiques (animales, végétales, etc.) qui, de leur point de vue, sont les entités maîtresses des espèces — et non des membres quelconques de ces dernières — transforme radicalement notre compréhension et traduction de ce qu’ils expriment à ce sujet. En effet, l’élucidation du concept d’entité-maître ne pouvant se faire de manière adéquate par la méthode référentielle habituelle qui suppose une correspondance entre les mots et le monde, son interprétation doit se fonder sur le système de règles, d’obligations et de droits que ce type de concept introduit dans le flux des pratiques et des interactions sociales au centre duquel œuvrent les chamanes.

  • Robert Crépeau, Professeur en anthropologie, Université de Montréal

Qui est maître du territoire ? Point de vue innu sur les impacts de l’emprise gouvernementale sur la faune et flore

À Unamen Shipu, communauté innue de la basse Côte-Nord (Québec), certains aînés font un lien direct entre perturbations des populations animales et emprise gouvernementale sur le territoire. Selon eux, les initiatives gouvernementales contribuent à la diminution des populations de caribous forestiers et à l’arrivée d’espèces jugées exogènes comme l’orignal. Aux dires de ces aînés, le gouvernement cherche à devenir maître des animaux. Pour comprendre le sens de ces affirmations, il faut analyser leur ancrage dans la cosmologie innue. En effet, selon les Innus, les animaux sont contrôlés par des entités maîtres avec lesquelles les chasseurs doivent transiger et donner respect s’ils veulent s’assurer une bonne récolte de gibier. Il s’avère que les Innus envisagent leur rapport aux gouvernements sous ces mêmes termes. Le gouvernement les contrôle en les mettant en réserve mais les nourris du même coup en leur donnant des aides monétaires. Ainsi, si les animaux disparaissent, c’est que les maîtres des animaux commencent à oublier les Innus puisque qu’ils se sont tournés en partie vers un autre maître, le gouvernement. Parallèlement, le gouvernement tente de contrôler les animaux, ce qui représente une violation du domaine des maîtres des animaux. Cette conception prend une importance politique car le gouvernement n’est pas le maître du territoire puisque les Innus n’ont jamais « vendu » leur territoire ou abandonner leurs droits d’une quelconque façon, ce qui fait en sorte que les Innus considèrent que le gouvernement agit en dehors de ses prérogatives.

  • Émile Duchesne, Doctorant en anthropologie, Université de Montréal

Le « savoir-pouvoir ». Repenser le pouvoir à la lumière des savoirs locaux des Ilnuatsh de Mashteuiatsh

Cette communication repose sur la relation qui unit les Ilnuatsh de Mashteuiatsh au teuehikan (tambour). Je reviendrai sur la pratique ilnue du teuehikan et sur les pouvoirs associés au kakushapatak et au kamanitushit, deuxstatuts se référant aux personnes possédant un pouvoir de médiation avec les êtres autres qu’humains. Je montrerai que ces distinctions ne sont plus aussi claires et qu’elles tendent à se recomposer, dans un contexte où la pratique du teuehikan est en voie d’être réactualisée. Nous verrons que ce qui est actuellement valorisé dans ces formes de pouvoir ne se rapporte pas leur caractère "magique", mais aux connaissances et aux compétences relatives au territoire et aux animaux. Nous proposerons enfin des pistes de réflexions sur le sens de ces valorisations discursives.

  • Carole Delamour, chercheure postdoctorale au Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA)
Penser le cours ECR entre débats sur la laïcité et enjeux empiriques (1) (Local DS-1520)

Les débats politiques sur la laïcité : implications pour le cours ECR

Organisatrice : Stéphanie Tremblay, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/2)

Laïcité : le choc de deux visions

Les débats sur la laïcité, récurrents au Québec depuis une douzaine d’années, mettent en tension, voire en affrontement, deux visions différentes de la compréhension des libertés fondamentales que sont la liberté de conscience et la liberté de religion, ainsi que deux conceptions divergentes de la neutralité de l’État. Relativement à cette dernière, la question soulevée est celle de la représentativité des agents de l’État dans l’exercice de leurs fonctions : doivent-ils être neutres quant à l’expression de leurs convictions religieuses pour ainsi refléter la neutralité de l’État, ou doivent-ils pouvoir bénéficier de la liberté de religion, garantie à tout individu, et traduire ainsi la diversité des citoyens qui composent la société ? Comme le montrent les débats autour du projet de loi 21, le monde de l’enseignement constitue une ligne de fracture, certains jugeant qu’il ne devrait pas être concerné par la loi, celle-ci devant se limiter, au mieux, aux agents en situation d’autorité coercitive, comme le recommandait le rapport Bouchard-Taylor, alors que d’autres considèrent, au contraire, que les enseignant(e)s ont la capacité d’influencer leurs élèves et doivent donc faire preuve de discrétion quant à leurs convictions personnelles. Or, l’enseignant(e) d’éthique et culture religieuse (ECR) qui « ne doit pas faire valoir ses croyances ni ses points de vue » et à qui est demandé « un devoir supplémentaire de réserve et de respect » du fait que se trouvent en jeu « des dynamiques personnelles et familiales complexes et parfois délicates » constitue un cas d’espèce bien particulier. Nous examinerons les différentes valeurs mobilisées pour défendre ou critiquer le port de signes religieux par les enseignant(e)s d’ECR.

  • Mireille Estivalèzes, Professeure en didactique (FSE), Université de Montréal

Penser l’éthique professionnelle des enseignants en ÉCR dans contexte du projet de loi 21 sur la laïcité de l’État

Le programme québécois non confessionnel d’Éthique et culture religieuse (ECR) exige de ses enseignants de maintenir une distance critique vis-à-vis de leurs points de vue personnels en classe et de développer une posture professionnelle d’impartialité et d’objectivité. Tel que démontré dans nos recherches doctorales précédentes, cette exigence professionnelle suscite une controverse chez les enseignants d’ECR. Pour certains, la distance critique exige aux enseignants de maintenir un silence absolu de leurs points de vue personnels en classe afin de ne pas influencer les élèves dans l’élaboration de leur point de vue. Pour d’autres, les enseignants peuvent dire leur point de vue personnel en classe tout en maintenant une distance critique personnelle face à leurs opinions afin de ne pas influencer les élèves. Ces deux visions de la posture professionnelle sont soutenues par des visions différentes du rôle de l’enseignant en contexte de laïcité. Au cœur de cette controverse, le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État fait monter la tension sur cette question puisqu’il exigerait l’interdiction du port de signes religieux des enseignants. Dans cette présentation, nous proposons d’analyser ces deux visions de la posture professionnelle des enseignants d’ECR à la lumière du projet de loi 21. Nous chercherons à comprendre quelles conceptions de la laïcité entrent en tension dans cette controverse entourant les exigences professionnelles et légales des enseignants d’ÉCR.

  • Stéphanie Gravel, Chercheure indépendante et chargée de cours, Université de Montréal

L’École, au cœur des trois temps de la laïcité québécoise

Les débats sur la laïcité au Québec ne présentent aucun signe d’essoufflement alors que le gouvernement de la CAQ vient de déposer à l’Assemblée nationale son projet de loi sur la laïcité (PL21). Ce moment historique pour le Québec concernant l’articulation politique de sa laïcité offre une occasion de se pencher sur la trajectoire récente de cette notion afin de mieux repérer et comprendre comment cette dernière en est venue à incarner la primauté de certaines valeurs, comme la « neutralité » religieuse des membres de la fonction publique, incluant les enseignant.e.s. Cette présentation vise ainsi à retracer les principaux moments pivots de cette laïcité à la québécoise en découpant son évolution en trois temps, entre 1999 et 2013. À chaque période, qui cristallise un jalon important du débat politique, nous porterons attention à la définition de la laïcité à l’occasion d’une commission ou d’un projet de loi porté ou cautionné par le gouvernement (Groupe de travail sur la place de la religion à l’école, Commission Bouchard-Taylor, dépôt du projet de loi 60), au rapport revendiqué ou implicite à l’identité nationale ou à l’histoire dans le débat et aux articulations avec l’École (institution, cours ECR, enseignants, etc.).

  • Stéphanie Tremblay, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
De la pertinence culturelle et sociopolitique de l’étude du christianisme contemporain (1) (Local DS-1545)

À une époque où les sociétés occidentales sont confrontées au défi majeur de la place du religieux dans l’espace public, cette session thématique vise à comprendre l’apport structurant du christianisme dans les dynamiques culturelles, politiques et sociales de l’Occident contemporain en général, et du Québec en particulier. En effet, pour être moins visible dans l’espace public et privé qu’il ne l’a déjà été, le christianisme n’en continue pas moins à influer sur nos sociétés selon des dynamiques propres. Cette session thématique s’emploie à chercher des réponses aux deux questions suivantes. En quoi le christianisme permet-il d’acquérir des clés de lecture pertinentes à notre compréhension des sociétés contemporaines? Thématiques plus spécifiques :

Organisatrice : Catherine Foisy, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/3)

Le christianisme et l'épistémè de l'Occident contemporain

Par-delà les héritages « patrimonialisés » du musée et du folklore, est-il possible de repérer ce qui, dans ce qu’on peut considérer comme l’épistémè fondamentale de la culture occidentale, révèle ou trahit la présence toujours opérante de la vision chrétienne du monde, de la condition humaine, de l’histoire, du savoir? Entre l’Occident et le noyau central du christianisme et de ses souches inextricablement juives, grecques et romaines, y aurait-il des parentés structurelles, à la fois philosophiques, épistémologiques et praxéologiques, qui sous-tendent leur rencontre historique et rendent finalement compte de ce qu’est l’Occident? La culture occidentale serait-elle ainsi matriciellement chrétienne, lors même qu’elle marque ses ruptures avec le religieux et la croyance? C’est dans la mouvance de cette approche archéologique, alimentée par l’émergence de divers « tournants » religieux, théologiques et métaphysiques convergents, qu’on entend se positionner dans cette communication. Exemples à l’appui, on se propose d’y esquisser l’épure d’une lecture transversale, qui, sans jamais vraiment les quitter, entend dépasser les particularités doctrinales et institutionnelles de moments ou de séquences historiques spécifiques. L’hypothèse heuristique qui y sera privilégiée est que la culture issue de cette gestation millénaire serait dès lors, dans ses catégories les plus structurantes comme dans son horizon précatégorial, dans les habitus qu’elle induit comme dans le pensable qui la détermine, indissociablement occidentale et chrétienne. Et que l’Occident brûle quand brûle Notre-Dame de Paris.

  • Pierre Lucier, Professeur associé à l'INRS-UCS, et Professeur invité, Sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Les communautés religieuses au Québec : mémoires et patrimoines

Depuis quelques années, les effectifs des congrégations religieuses, au Québec, décroissent de façon considérable. Dans cette perspective, il est non seulement opportun, mais aussi nécessaire, de porter attention au patrimoine que lèguent les communautés religieuses. La présente communication propose quelques pistes destinées à alimenter la réflexion académique en la matière. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la place que peuvent occuper les congrégations religieuses dans la mémoire collective, au Québec. Une telle démarche, qui s’appuiera sur un appareil conceptuel permettant de distinguer la mémoire, l’histoire et le patrimoine, nous amènera à poser l’hypothèse voulant que le phénomène de la « Grande noirceur » ne soit peut-être plus aussi présent qu’auparavant dans la mémoire collective des communautés religieuses, mais qu’en revanche, d’autres représentations pourraient possiblement être en train de s’y substituer. Dans un deuxième temps, nous chercherons surtout à démontrer que, par-delà le phénomène mémoriel, les communautés religieuses ont légué un patrimoine « réel » qui s’incarne de diverses façons : un patrimoine architectural et artistique, un patrimoine ethnologique (aussi dit immatériel) portant les marques de la culture quotidienne des congrégations et, enfin – la voie à laquelle nous nous attacherons particulièrement -, un patrimoine au caractère davantage sociologique constitué de pratiques et de représentations sociales dont des traces sont encore observables, de nos jours, en société. Pour appuyer notre propos, nous puiserons notamment dans l’histoire des congrégations des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec (1856-) et des Sœurs de la Charité de Québec (1849-) dont un survol socio-historique de quelques œuvres et établissements permettra notamment de dégager des philosophies et des approches toujours observables dans les dispositifs d’encadrement de la protection de la jeunesse, au Québec.

  • Étienne Berthold, Professeur en géographie, Université Laval

Le temps des virtuoses. Figure de la recomposition du catholicisme québécois

Depuis 2001, plusieurs indicateurs de la religiosité au Québec montrent un essoufflement de la configuration dominante que constitue depuis les années 1960 le catholicisme culturel. Au nombre des propositions théoriques expliquant la situation actuelle, retenons que le paysage religieux québécois semble se caractériser dorénavant par un clivage de plus en plus accentué entre, d’un côté, une majorité autrefois catholique, mais délaissant aujourd’hui la plupart des formes de religiosités institutionnelles et personnelles, et, de l’autre côté, des groupes religieux minoritaires (dont le catholicisme ne serait qu’un parmi plusieurs) qui connaîtraient une certaine vitalité en raison de la pratique assidue de leurs membres. Réalité complexe, nous formulons l’hypothèse que cette polarisation croissante est en train de produire une nouvelle forme de religiosité chez les catholiques mobilisés eux-mêmes, particulièrement chez les jeunes : la figure du virtuose. C’est à tout le moins ce que nous invitent à explorer les données amassées dans le cadre d’un projet de recherche portant sur la fin de la religion culturelle au Québec que nous menons avec Sarah Wilkins-Laflamme et dont cette communication sera une présentation de nos premières analyses. Que signifie la prégnance de cette figure du virtuose chez nos répondants ? Que donne-t-elle à voir de la recomposition qui s’opère ? Quelle en est la trame narrative ? Quelles en sont les dynamiques et les tensions ? Enfin, qu’est-ce que leurs entretiens pourraient révéler d’un nouveau régime de virtuosité à l’intérieur même du catholicisme québécois ?

  • E.-Martin Meunier, Professeur en sociologie et anthropologie, Université d’Ottawa
  • Jean-Philippe Perreault, Professeur en sciences religieuses, Université Laval
  • 12h30 - 14h00 –– Lunch (D-R200)
  • 14h00 - 15h30 –– Session 3
Voie/x de musulmans et musulmanes du Québec (2) (Local DS-1540)

Processus de négociation identitaire et sentiment d’appartenance (citoyenne) à l’école publique et islamique, et des voix féministes

Organisatrice : Roxanne D. Marcotte, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (2/3)

Jeunes montréalais et montréalaises musulmanes à l’école islamique : identité et appartenance

S’appuyant sur les résultats de notre enquête qui a porté sur l’impact de l’enseignement islamique sur la formation de l’identité et du sentiment d’appartenance citoyenne de jeunes musulmans et musulmanes de Montréal ayant fréquenté l’école islamique, cette communication se penchera sur les relations complexes, dynamiques et changeantes, et les facteurs qui contribuent au développement de leurs identités citoyenne et religieuse, qu’il s’agisse de l’identification qu’on leur attribue ou de leur auto-identification en tant que musulman.e.s québécois.e.s et/ou canadien.ne.s. Le vécu de ces jeunes, aux prises avec le processus de construction et de négociation de leur(s) identité(s), se révèle être des plus complexes. Ce vécu se démarque des stéréotypes dont on les affuble. Les défis liés à la citoyenneté et à l’intégration auxquels ces jeunes font face sont reliés notamment aux attentes idéalistes extérieures, plutôt qu’aux expériences que vivent ces jeunes. Ce n’est qu’en tenant compte des forces et dynamiques complexes de la formation de leur(s) identité(s) qu’il est possible d’apaiser les craintes et les inquiétudes trop souvent véhiculées au sujet de leur intégration, de leur rapport à leur appartenance au Québec et/ou au Canada, et de leur identité en tant que musulmans et musulmanes.  

  • Hicham Tiflati, Professeur en sciences humaines, Collège John Abbott; Chargé de cours, Université Bishop

Être québécoise et musulmane : processus de négociation identitaire chez des adolescentes musulmanes à Montréal

Cette communication portera sur les modalités de construction identitaire chez des adolescentes musulmanes – voilées et non voilées – qui fréquentent l’école secondaire à Montréal. On le sait, au Québec comme ailleurs en Occident, on assiste à une montée de l’islamophobie ou, à tout le moins, à la construction de l’Autre musulman comme « problème public », voire comme menace sécuritaire et/ou culturelle. En outre, dans l’imaginaire occidental, le hijab constitue un symbole investi d’une signification univoque : l’oppression des femmes sous le joug d’une religion patriarcale, l’islam, présumée insoluble dans « nos » valeurs (féministes) occidentales. Je me suis donc intéressée à la manière dont les jeunes filles musulmanes que j’ai interviewées négocient leur rapport à la religion, au hijab, à leur communauté d’origine et à la citoyenneté, dans un contexte où leur religion est devenue le prisme principal à travers lequel leur altérité – et souvent leur dangerosité - est imaginée par le groupe majoritaire.

  • Paul Eid, Professeur en sociologie, Université du Québec à Montréal, UQAM

La construction de trois sujets féministes musulmans au Québec : entre luttes anti-islamophobie, parcours de vie et aspirations religieuses

Le féminisme musulman a souvent été étudié sous l’angle de l’exégèse religieuse ou de l’activisme au sein des communautés musulmanes. Dans cette communication, nous nous pencherons plutôt sur la manière dont cet engagement politique, présenté comme religieux, se construit simultanément au sein de multiples espaces, dont les luttes anti-islamophobes, les parcours de vie, ainsi que les aspirations religieuses. En étudiant le cas de trois féministes musulmanes, nous démontrerons que leur activisme puise ses racines dans une multitude de processus et facteurs sociaux. Par exemple, c’est souvent une volonté de déconstruire les préjugés islamophobes à l’égard des femmes qui motivent l’engagement féministe de ces trois interlocutrices. Ainsi, on ne peut considérer le féminisme musulman comme étant un mouvement homogène, de même qu’il ne s’inscrit pas uniquement dans un contexte religieux. Pour ces trois femmes, qui se décrivent comme musulmanes croyantes et pratiquantes, l’islam se vit et se construit, à travers leur engagement féministe, en interrelations avec les rapports de pouvoir prévalant au sein de la société québécoise, leurs aspirations religieuses, et leur parcours biographique.

  • Ariane Bédard-Provencher, Doctorante en anthropologie, Université McMaster
Cosmopolitiques et dynamiques religieuses autochtones : savoirs locaux et réseaux transnationaux (2) (Local DS-1545)

Organisateurs : Laurent Jérôme, Professeur et Anne-Marie Colpron, Professeure associée en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (2/5)

Refaire des rituels sacrificiels pour refonder l’ordre politique et social : expérimentations contemporaines à Tahiti

Cette communication portera sur la pratique nouvelle d’un rituel sacrificiel aujourd’hui à Tahiti. Je proposerai que celui-ci s’inscrit dans la logique des pratiques rituelles polynésiennes anciennes, tout comme les épisodes de destruction par les Polynésiens des marae (cours cérémonielles) et icônes avec la conversion au christianisme à partir de 1815. Ces iconoclasmes peuvent être interprétés comme un ultime sacrifice visant l’acquisition de mana (pouvoir spirituel, autorité) et la revitalisation de la société dans une période de crise sociale aiguë. Cet ancrage historique me permettra d’interroger le sens que revêt le sacrifice pour des Polynésiens d’aujourd’hui dans un contexte de décolonisation. Qu’implique-t-il sur le plan religieux ? Quelle est sa capacité transformatrice? Quelle est sa portée politique ? À la différence du sacrifice des dieux anciens au début du XIXe siècle qui montrait la capacité de l’habitus à impulser un changement radical, l’enjeu contemporain du sacrifice semble plutôt de rompre avec l’habitus, ou du moins, d’en changer certains aspects fondamentaux en vue de refonder l’ordre social. 

  • Natacha Gagné, Professeure en anthropologie, Université Laval

De la réflexivité induite par l’usage des cosmopolitiques. Réflexions à partir d’un cas andin

Dans un contexte où l’accès à certaines ressources naturelles est menacé, la mise en avant de spécificités ontologiques apparaît être un argument à la fois symboliquement fort et fédérateur pour les représentants des communautés autochtones et locales. C’est notamment le cas des acteurs qui participent aux réunions du Groupe de travail sur l’article 8j de la Convention sur la diversité biologique. Dans cette communication, nous nous intéresserons au bien vivre (Sumaq Kawsay), qui a percé dans cette arène internationale. La façon dont les conceptions des populations andines sont incorporées et interprétées de façon à ouvrir un espace de débat cosmopolitique à une échelle internationale sera analysée en termes de traduction et de diplomatie ontologique.

  • Ingrid Hall, Professeure en anthropologie, Université de Montréal

Cultures cochonnes: catholiques et cosmopolitiques aux Philippines

Depuis plusieurs décennies, les Philippines sont un terrain de prédilection pour les églises évangéliques et pentecôtistes qui se sont implantées en ville et en milieu autochtone. Plusieurs de ces églises voient d’un mauvais œil les pratiques rituelles des autochtones, d’autres les tolèrent. Dans cette communication, je propose d’examiner le rôle des missions catholiques pour montrer qu’elles demeurent, au contraire, un bastion de la résistance culturelle. Dans plusieurs communautés, les missionnaires souvent originaires de l’étranger –sœurs ou prêtres– offrent leur appui au maintien des rites dits « traditionnels » des autochtones.  Or, plusieurs de ces pratiques –en particulier les rituels de remerciement (Thanksgiving), les rites funéraires et des rites de guérison font intervenir des cochons…L’animal singulièrement associé au catholicisme depuis longtemps joue ainsi un rôle central dans les savoirs autochtones et les cosmopolitiques.

  • Frédéric Laugrand, Professeur en anthropologie, Université Laval et Université catholique de Louvain
Autour de La religion de près (2) (Local DS-1525)

Organisateur : Frédéric Dejean, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (2/2)

Croyance, pratique, religion et culture : le crucifix et la prière dans la sphère publique

Le recul du christianisme au sein des pratiques religieuses majoritaires de certaines démocraties occidentales a largement contribué à son déplacement, du « religieux » vers le « culturel ». Cette situation soulève d’intéressantes questions concernant le rapport entre religion et culture, de même que les dynamiques de pouvoir désormais perceptibles qui défendent un statut privilégié pour les pratiques et les symboles chrétiens au moyen d’une mobilisation du langage de la culture et de l’héritage. Cette présentation traite d’une série d’exemples québécois et canadiens, incluant l’affaire de la prière à Saguenay et la récente controverse au Nouveau-Brunswick concernant la récitation de la prière à l’Assemblée législative.

  • Lori Beaman, Professeur en études religieuses, Université d’Ottawa

Quand le religieux se soustrait : enquêter sur l’invisible. Dialogues avec Albert Piette et quelques autres

Cette communication prend appui sur une enquête en cours auprès de femmes musulmanes qui, cessant de porter le foulard, disparaissent du radar de l’identification par les signes extérieurs. À contresens de l’obsession publique pour leur façon de se vêtir, celles-ci entrent dans une forme de clair-obscur qui les rend non seulement invisibles, mais de surcroît « inintelligibles » à autrui. Albert Piette est probablement, dans le paysage francophone, l’auteur qui permet le plus finement de conceptualiser ce mode « ultra-mineur » du religieux. Son œuvre souligne l’importance de prêter attention aux doutes, aux hésitations, aux contradictions, aux incertitudes qui animent le croire et les croyant.e.s. Il faut « partir des pratiques », écrit-il en 1997, sans prendre « l’aboutissement pour un but ». En nous appuyant sur les 15 histoires de vie qui composent pour l’heure notre corpus, il s’agira donc de converser avec les innovations conceptuelles et les propositions analytiques de Piette, en invitant parfois d’autres convives (Joseph, Asad, Crenshaw entre autres) pour réfléchir aux conditions d’accès aux formes intimes de la croyance, dans un contexte d’ultra-politisation de la spiritualité des citoyennes musulmanes.

  • Valérie Amiraux, Professeure en sociologie, Université de Montréal

Le monastère en train de vieillir. L’hétérogénéité des pratiques au service d’une image homogène

Si la vie monastique est généralement conçue comme la mise en application atemporelle des règles de Saint Benoît, produisant par là même une communauté homogène et disciplinée, l’ethnographie de ces communautés de vie fait apparaître aujourd’hui une réalité bien plus nuancée. Confronté-e-s à leur vieillissement, les moines et moniales s’efforcent chaque jour d’assouplir leurs règles et leurs rythmes, pour permettre à leurs membres âgés de continuer de participer à la vie commune (prière, travail, repas). Mais dans le même temps, ils-elles doivent maintenir une certaine rigueur, autant pour demeurer attractifs auprès des jeunes postulant-e-s que pour offrir aux nombreux hôtes de passage dans leurs hôtelleries l’ascétisme traditionnel qu’ils-elles viennent admirer. Ce qui caractérise particulièrement ces lieux hors du monde ordinaire – la clôture avec l’extérieur, la vie dans le silence et les prières de nuit – est justement ce qui doit être réajusté pour que les frères et sœurs âgé-e-s ne soient pas contraint-e-s de quitter la communauté pour aller finir leurs jours dans des établissements spécialisés. Cette manière d’aborder la vie monastique de l’intérieur, en restant constamment attentif aux controverses, aux débats, aux hésitations, aux contradictions, aux silences et aux faits et gestes les plus anodins, doit beaucoup aux travaux d’Albert Piette qui, dans son ethnographie d’une paroisse catholique (1999), mettait en évidence la nécessité d’une « rupture avec le schéma d’une conscience collective d’emblée partagée » afin de nous situer « au carrefour d’une pluralité non harmonisée de références, étudiées dans leur engagement situé ». Pour s’adapter à de nouvelles réalités sanitaires, la vie monastique est donc constamment « en train de se faire », en réactualisant l’homogénéité de son image grâce à l’hétérogénéité de ses pratiques.

  • Laurent Amiotte-Suchet, Professeur, Lausanne, Haute école de santé Vaud
De la pertinence culturelle et sociopolitique de l’étude du christianisme contemporain (2) (Local DS-R510)

Organisatrice : Catherine Foisy, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal (2/3)

En quoi le christianisme participe-t-il des dynamiques culturelles et politiques contemporaines, particulièrement sous l’angle des identités?

Chrétienne migratrice

Le christianisme n’a pas attendu la mondialisation contemporaine pour être confronté aux phénomènes de métissages culturels… et religieux. De par sa nature missionnaire et son histoire composite, les populations chrétiennes furent dès les premières générations interrogées par le paramètre culturel, de sa pertinence pour les questions religieuses à l’identité qu’elle implique. Dans quelle mesure fallait-il adopter les coutumes et pratiques païennes afin de permettre une meilleure intégration de son message ? Que fallait-il (ou que pouvait-on) garder d’un culte qualifié d’idolâtre ? Autant les premiers siècles sont remplis d’exemples de transferts culturels et religieux, autant le Moyen-Âge engendra une forme d’uniformisation des pratiques – en contexte latin – de l’Église catholique. Ce n’est qu’avec les grandes explorations du XVIe siècle et des suivants, et la colonisation de l’hémisphère Sud du globe par les puissances européennes, que la question du métissage ressurgit. La théologie chrétienne (ou plutôt : catholique, en ce qui concerne ce papier) a dû penser l’identité de manière dynamique et évolutive, par opposition à une version essentialisée et statique, pour légitimer l’entrée en christianisme de populations étrangères aux pratiques et formes de pensée européenne. Mais jusqu’à quel point cette ouverture est-elle envisageable ? Quels facteurs/arguments sont conviés pour trancher ce type d’apport extérieur ? Plusieurs éléments sociaux, culturels et politiques expliquent certaines trajectoires ecclésiales. Mais sur le plan humain – personnel – c’est par le truchement du spirituel que les Églises apprennent à s’ouvrir, ou à tolérer, les passages par du « non-chrétien ». Cette catégorie du spirituel, complémentaire à la notion du religieux mais autonome vis-à-vis de celle-ci, s’avère donc très utile pour décrypter les phénomènes de transferts religieux, mais aussi nationaux – oserais-je avancer.

  • Xavier Gravend-Tirole, chercheur indépendant (Lausanne) (vidéoconférence)

Christianisme et montée des droites conservatrices ou la mise à mal des droits des femmes

Dans le cadre de cette communication, je m’intéresse aux modalités d’affirmation des valeurs conservatrices au sein de l’Église catholique canadienne à travers les discours et pratiques de l’Organisme catholique pour la vie et la famille (OCVF). Actif depuis une douzaine d’années au Canada, cet organisme, fondé conjointement par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) et le Conseil des Chevaliers de Colomb, entend promouvoir la doctrine catholique en matière de morale sexuelle, de dignité de la femme et de vie familiale. Il entraine un déplacement du discours traditionnel de l’épiscopat canadien sur la question des droits des femmes et l’égalité entre les sexes dans la société et l’Église. Comment caractériser ce déplacement? Quels sont les choix doctrinaux qui sont faits pour assurer les fondements de ces discours et de ces pratiques et quels sont leurs modes de déploiement sur la scène politique et religieuse canadienne? Quels sont ses réseaux internationaux privilégiés par l’OCVF dans la nébuleuse catholique conservatrice mondiale et comment ces réseaux interviennent dans l’action de l’OCVF au Canada? Quelle compréhension des femmes et des rapports de sexe se dégage de l’ensemble de ces interventions?

  • Marie-Andrée Roy, Professeure et directrice du Département de sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
  • 15h30 - 16h00 –– Pause-café (près du DS-R520)
  • 16h00 - 17h30 –– Session 4
Penser le cours ECR entre débats sur la laïcité et enjeux empiriques (2) (Local DS-1520)

Points de vue d’enseignant.e.s sur le port de signes religieux, le dialogue sur les sujets sensibles et le matériel didactique en ECR

Organisatrice : Stéphanie Tremblay , Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal (2/2)

Arrimage de la culture religieuse et du dialogue en classe : qu'en disent les enseignant.es d'ÉCR au secondaire ?

Le programme d’ÉCR s’inscrit dans une double mouvance occidentale : la première est d’offrir des cours non-confessionnels aux élèves, tel que recommandé notamment par l’UNESO et le Conseil de l’Europe, et la deuxième est de faire une place grandissante au dialogue en éducation. Dans le programme d’ÉCR, la pratique du dialogue doit servir au développement des deux autres compétences disciplinaires, soit « Réfléchir sur des questions éthiques » et « Manifester une compréhension du phénomène religieux ». Puisque la religion est souvent considérée comme un sujet sensible et que l’éthique et la religion sont deux objets de savoirs distincts, cet arrimage est audacieux et ne va pas sans soulever des interrogations et des défis. Cette présentation portera en particulier sur la conception du dialogue et sur son arrimage au volet culture religieuse selon des enseignantes et des enseignants d’ÉCR (EEÉCR) au secondaire. Ces données ont été documentées dans une recherche doctorale de type qualitatif menée auprès de douze EEÉCR de la grande région métropolitaine. Après un bref exposé de la méthodologie utilisée, nous nous pencherons sur la conception du dialogue, les défis rencontrés en classe lors de sa mise en œuvre, les savoirs professionnels qui ont été développés pour dialoguer en culture religieuse et le bilan qu’en font les EEÉCR. En s’appuyant sur ces données et sur une recension d’études empiriques, nous terminerons en formulant un ensemble de recommandations pour l’avenir du programme d’ÉCR en général et du volet culture religieuse en particulier.

  • Chantal Bertrand, Doctorante en éducation, Université de Sherbrooke

Récit de pratique sur un projet d’amélioration du matériel pédagogique en ECR

L’enseignement du cours obligatoire d’éthique et culture religieuse se fait sur fond de controverses récurrentes. Dans un contexte où les principes de la laïcité québécoise demeurent à définir, l’un des enjeux revenant régulièrement sur la place publique pour alimenter le courant négatif vis-à-vis ECR, réside dans la qualité du matériel pédagogique employé par les enseignants auprès des élèves. Aussi, cette communication fera un bref survol de ces critiques tout en faisant la rétrospective des efforts déployés de l’une des maisons d’édition dans sa volonté de réviser son matériel afin de s’assurer, après 10 ans d’étude et d’appropriation concrète du programme sur le terrain, d’une meilleure cohérence avec l’esprit, les finalités et les nouvelles exigences au regard d’ECR. Y seront évoquées les contingences avec lesquelles les maisons d’édition ont dû composer afin de pouvoir offrir des manuels et des cahiers d’exercices aux enseignants au moment de la mise en œuvre du programme en 2008, incluant la nouvelle « posture professionnelle des enseignant.e.s ». Il sera ensuite question des documents ministériels fondamentaux qui sont apparus depuis la parution du programme ECR, des compétences variables des enseignants à qui on confie la responsabilité d’enseigner ECR et le temps réel mis à leur disposition pour le développement des compétences. Enfin, nous aborderons un exemple concret de démarche visant à réviser du matériel didactique en ECR, incluant les critères ayant servi à valider la prise en compte adéquate de la diversité des profils d’élèves ainsi que le produit final :  les nouvelles versions des cahiers d’exercices.

  • Line Dubé, M.A. en didactique, Chargée de cours en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM et Enseignante au secondaire en ECR
Voie/x de musulmans et musulmanes du Québec (3) (Local DS-1540)

Manifestation et négociation du fait religieux : enjeux et défis.

Organisatrice : Roxanne D. Marcotte , Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (3/3)

‘Y’a un passage dans le Coran qui dit…’ : manifestation du fait religieux lors de la période périnatale »

Contrairement aux nombreux travaux qui mettent l’emphase sur la religiosité ou sur l’adhésion aux pratiques religieuses des femmes musulmanes en contexte de migration, nous examinerons dans cette communication l’expérience et le vécu quotidien de musulmanes interviewées dans le cadre d’une recherche anthropologique sur la transmission des savoirs périnataux et leur négociation dans la rencontre soignant/soigné en nous penchant sur les diverses manifestations du fait religieux lors de la période périnatale. Tout au long de la grossesse, lors de l’accouchement et après la naissance, plusieurs décisions prises par ces femmes impliquent des considérations de nature religieuse (allaitement, alimentation, interruption volontaire de grossesse, sexe du médecin, circoncision, amniocentèse, etc.). Bien que les femmes font souvent appel à l’Islam pour justifier leurs choix, ceux-ci ne dépendent pas nécessairement de leur niveau de religiosité et de pratiques en plus de faire intervenir d’autre dimensions comme la santé de l’enfant ou encore la trajectoire thérapeutique. Les résultats permettent d’éclairer l’agentivité et la marge de manœuvre des femmes interviewées, tout en faisant ressortir la plasticité et la diversité de la référence religieuse.

  • Josiane Le Gall, Chercheuse au Centre intégré universitaire de Santé et de Services sociaux (CIUSSS) Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal ; Professeure associée en anthropologie, Université de Montréal

L’approche pragmatique et la réalité des fonctionnaires musulmanes au sein et au-delà de l’administration publique québécoise

Au Québec, l’ensemble des emplois relevant de l’administration publique gouvernementale sont encadrés par un ensemble de normes qui régissent les comportements sur les espaces de travail, notamment celles liées à la neutralité religieuse de l’État. Les fonctionnaires musulmanes, en particulier celles qui portent le hijab au travail, se retrouvent dès lors dans une position particulière, à cheval entre des normes professionnelles, qui protègent dans une certaine mesure leur expression religieuse, et des normes sociales qui y semblent plutôt réfractaires. L’objectif de la présente communication est de conceptualiser cette rencontre « internormative » en mobilisant l’appareil théorique de l’approche pragmatique en sciences sociales, développée notamment par le théoricien Luc Boltanski. Selon cette approche, la fonctionnaire musulmane se trouve ainsi à naviguer entre d’une part le « monde civique », associé à l’administration publique, et d’autre part le « monde de l’opinion », associé à l’espace public québécois. On peut ainsi avancer l’idée selon laquelle cette rencontre des deux mondes se vit sous la forme d’une véritable épreuve pour la fonctionnaire musulmane, qui doit développer, parfois difficilement, des stratégies afin de concilier son identité religieuse et son identité citoyenne.

  • Bertrand Lavoie, Postdoctorant et chargé de cours en droit, Université de Sherbrooke
Cosmopolitiques et dynamiques religieuses autochtones : savoirs locaux et réseaux transnationaux (3) (Local DS-R510)

Organisateurs : Laurent Jérôme, Professeur et Anne-Marie Colpron, Professeure associée en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (3/5)

Construction et performance de l’autochtonie chez les janajati adivasi du Népal contemporain : quelques réflexions

Ce papier présente d’abord le contexte d’émergence de la notion d’autochtonie au Népal : il retrace les conditions historiques et politiques qui ont rendu possibles les revendications ethniques des populations minoritaires, qui en 1991 se sont réunies dans la Fédération népalaise des « nationalités » (janajati) et ont ajouté le terme « autochtones » (adivasi) suite à la déclaration des Nations Unies de la Décennie internationale des peuples autochtones (1995-2004). On assiste à la fois à un processus grandissant de différenciation (quête d’une identité et d’une histoire spécifiques à chaque groupe, solidification de frontières ethniques autrefois perméables et hybrides) et d’union (définition d’une identité collective et commune vis-à-vis d’un État hindou aux politiques englobantes et homogénéisantes). La présentation se concentre ensuite sur les politiques culturelles et religieuses des janajati. On présente quelques aspects de leur production culturelle contemporaine (réécriture de l’histoire, innovations rituelles, etc.) et on propose quelques réflexions sur des performances de l’ethnicité et de l’autochtonie qui se distancient des pratiques locales liées au territoire, pour s’adresser à un contexte panethnique national, transnational et diasporique.

  • Chiara Letizia, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Naissance d’autochtones digitaux ...

Indigénité virtuelle et célébrations funéraires en ligne Dans les ruelles du web, et les allées des jeux videos en lignes, de nouveaux autochtones, no Life, pirates ou hardcore gamers contribuent à l’émergence de nouvelles pratiques funéraires.  A partir de leur localisations multi-situées et de leur référents culturels hybrides ces nouveaux indigènes des mondes numériques créent et célèbrent leur morts de manière parfois très singulières.  En dehors des canaux cérémoniels classiques, des ritualités novatrices émergent articulant narrativités des univers virtuels et questionnements anthropologiques fondamentaux, et témoignant de la nature profonde des liens en ligne et des communautés numériques.  En décrivant et interprétant deux cas empiriques en mondes francophones, nous mettrons en lumière les caractéristiques centrales de ces émergences ou recompositions et les réarticulations qu’elles suggèrent, notamment en termes de pluralisme, de cosmopolitisme et de nouvelles autochtones numériques.

  • Olivier Servais, Professeur au Laboratoire d’anthropologie prospective, Université Catholique de Louvain

Trajectoires de résurgence des femmes artistes autochtones: réflexions sur une incursion épistémique dans les territoires de l’art

Certaines prières adressées par exemple lors de cérémonies haudenossaunee se terminent avec la formule « à toutes mes relations ». Ces relations avec les humains et les non-humains, entendues comme des réseaux de parenté dans le sens de « kinship »,  sont  encore aujourd’hui au cœur des valeurs des sociétés et des cosmologies autochtones. Ces relations « encorporées » aux territoires (place-based) influencent l’imaginaire de femmes artistes autochtones à travers des pratiques picturales, sculpturales, in situ, éphémères ou relationnelles. Mais elles sont aussi brouillées par les systèmes de pensées et les imaginaires coloniaux, notamment les catégories admises en art contemporain. Je présenterai des stratégies employées par deux artistes autochtones, notamment l’usage des technologies numériques, pour contourner les obstacles sociopolitiques imposés par le colonialisme et affirmer une présence millénaire en continuité avec les ontologies autochtones.

  • Caroline N. Hotte, Doctorante en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
De la pertinence culturelle et sociopolitique de l’étude du christianisme contemporain (3) (Local DS-1545)

En quoi le christianisme participe-t-il des dynamiques culturelles et politiques contemporaines, particulièrement sous l’angle des identités?

Organisatrice : Catherine Foisy, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (3/3)

Une paroisse inclusive, pour qui? Saint-Pierre-Apôtre de Montréal ou la difficile adaptation d'une pastorale de niche

Cette communication s’appuie sur une enquête ethnographique réalisée en deux temps (2006-2007, puis 2017-2019) dans une paroisse catholique du centre de Montréal fréquentée majoritairement par une population homosexuelle. À partir de 40 entrevues semi-directives et d’une analyse de sources documentaires et d’archives, elle interroge les nouveaux modes de spécialisation et de spatialisation de l’offre religieuse catholique en ville, en mobilisant un appareil théorique emprunté à la géographie urbaine et à la géographie économique. D’abord, nous montrons qu’en ciblant un segment restreint de population depuis le milieu des années 1990, la paroisse a augmenté son attractivité et a pu ainsi se redéployer à une échelle régionale plus large que son territoire canonique. Ensuite, nous interrogeons les spécificités des pratiques et des croyances de ce public cible, principalement des hommes et, dans une moindre mesure des femmes, homosexuels. Nous montrons enfin comment cette spécialisation rend la paroisse vulnérable aux changements sociaux, culturels et démographiques, qui contribuent désormais à éroder ce bassin de fidèles.

  • David Koussens, Professeur en droit, Université de Sherbrooke
  • Alexandre Maltais, Post-doctorant en études urbaines, Université de Montréal

Le rejet de l’Église par les Maronites de France

Pourquoi les Maronites vivant en France et le plus souvent français, libanais d'origine et expatriés, n'œuvrent-ils pas plus énergiquement à l’implantation des églises maronites sur le territoire français ? Dispersés par les guerres ou par les persécutions qu’ils ont endurées sur leurs terres d’origine, les Maronites paraissent insensibles à la force fédératrice de leur église et demeurent, exilés, à l’écart de celle-ci. Ainsi depuis 2012, date de l’institution d’un évêché maronite en France à la demande du pape Benoît XVI, les différentes initiatives visant à l'implantation d'une église maronite dans le territoire français échouent. Les tentatives que multiplient les institutions religieuses pour rassembler les différentes communautés des chrétiens d’Orient paraissent vouées à l’échec. Faut-il attribuer ce désintérêt à l’étroite intégration des Maronites dans une France laïque ? à leur éloignement de leurs traditions chrétiennes orientales ? à une défaillance du clergé maronite dans l’accomplissement de sa mission pastorale ? au caractère inapproprié ou maladroit de ses procédés dans ses relations avec une diaspora laborieuse et nostalgique ? En réalité, les Maronites demeurent fidèles à leur terre d’origine et à leurs racines. Mais peut-être le souvenir qu’ils ont gardé de leur fréquentation d’un clergé maronite hautain, toujours ostentatoire dans l’exhibition de sa puissance mais souvent déphasé, incapable de relever les actuels défis du Liban, les poussent-ils à négliger, sinon à renier, leur identité confessionnelle ? Peut-être l’implantation communautaire souhaitée par Benoît XVI ne serait-elle pas accueillie sans réserve par une tradition française méfiante. Beaucoup de Français ignorent encore que l’on prie en langue arabe sans être musulman.

  • Mouna Zaiter, Professeure, Université Bordeaux Montaigne et Sciences Po Bordeaux

Penser le bien commun au Québec : l’apport de la tradition intellectuelle catholique et nationaliste

Le nationalisme québécois est caractérisé de différentes manières selon les périodes et les auteurs concernés – ethnique, culturel, messianique, conservateur, traditionnel, défensif, fermé, identitaire, libéral, social-démocrate, nouveau, moderne, civique, politique, affirmatif, positif, ouvert... Si cette polysémie conceptuelle est parfois proche de la cacophonie, elle dessine néanmoins le contour d’une tradition politique et intellectuelle originale, avec ses débats et ses enjeux structurants, avec sa vision du bien commun. De fait, au cœur de la culture politique québécoise loge une vive préoccupation de nature éthique, d’origine catholique, qui interroge inlassablement la légitimité de ses moyens et de ses fins, et qui contribue grandement à définir les modalités d’expression de son nationalisme. C’est cette histoire longue du "nationalisme éthique" des Québécois dont nous esquisserons quelques jalons à partir de sa genèse catholique au mitan du XIXe siècle.

  • Jean-François Laniel, Professeur adjoint en sciences des religions, Université Laval
  • 18h00 - 21h00 –– Souper du Colloque
Souper du colloque (Centre Pierre Péladeau, Salon Orange - Pavillon Q)
  • 18h00 - 19h00 : Apéro – Foyer Balcon
  • 19h00 - 21h00 : Souper du colloque – Salon Orange

Jeudi, le 29 août 2019

  • 08h30 -9h00 –– Accueil (DS-R505, face à la cour extérieure)
  • 09h00 - 10h30 –– Session 5
Entre le sacré et les choses sacrées : problématiser la culture en sciences des religions (1) (Local DS-1520)

Organisatrice : Ève Paquette, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/2)

L’infondé de la culture et le religieux

Le concept de culture n’est pas nouveau. Mais sous l’impulsion conjuguée des travaux récents en éthologie et de ce qu’en Amérique on appelle les « cultural studies », le contenu de ce concept a été radicalement transformé. Le monisme biologisant du premier et le constructivisme centrifuge du second ont eu pour effet de saper la possibilité d’une anthropologie fondamentale où se pense ce que « la »culture humaine a de spécifique et d’irréductible en regard du monde animal et du relativisme « des » cultures humaines. Or la réflexion sur le religieux passe précisément par une telle anthropologie fondamentale. La communication ici se propose donc d’aborder la question de cette anthropologie fondamentale et de montrer son rapport étroit avec le phénomène religieux.

  • Jacques Pierre, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Qu’en est-il de la jouissance du sacré!

Le concept de sacré est d’une telle richesse qu’il peut à la fois désigner une expérience intime religieuse, esthétique, existentielle ou sociale. Il peut aussi qualifier une réalité métaphysique ou transcendante. Dans le sens commun, il désigne une valeur centrale et fondatrice de pratiques individuelles et tribales. Nombre de choses acquièrent une valeur sacrale pour les individus. Sans oublier que le concept de sacralité est souvent associé à la puissance débordante des énergies et des forces naturelles ou surnaturelles. La polyvalence du concept de sacré, soulignée par nombre d’auteurs depuis le siècle dernier, effraie les positivistes des sciences religieuses. Or, pour les aventuriers de la recherche en sciences humaines, il y lieu d’accepter la richesse des concepts afin d’éviter d’enfermer les comportements individuels et collectifs dans des catégories figées. À cet égard, le concept de sacré peut être vu comme une fenêtre épistémologique pour rendre compte du désir inhérent et paradoxal de jouer avec l’indéterminé, le risque, les interdits, la liminarité, enfin ce qui délimite et différencie. Ce désir s’actualise dans une expérience de jouissance. Il serait donc question d’une jouissance du sacré. Qu’en est-il aujourd’hui de la jouissance du sacré? Est-ce que ce concept de «jouissance du sacré» reste pertinent pour comprendre des comportements de la marge? De quelle jouissance s’agit-il ? Peut-on encore utiliser ce concept qui provient de l’anthropologie religieuse pour éclairer des comportements contemporains apparemment non religieux ? Nous allons, dans cette courte présentation, proposer quelques exemples qui justifient son usage. 

  • Denis Jeffrey, Professeur en éducation, Université Laval

Penser la crise environnementale du monde contemporain dans ses rapports aux concepts de culture, nature et sacré

La fin du XXe siècle et le début du XXIe ont sans contredit été marqués par des enjeux environnementaux sans précédents, dont les impacts se sont fait ressentir dans toutes les sphères d’activité. Les sciences humaines n’ont pas échappé à cette crise, la géologie contribuant par exemple à nommer notre époque (l’anthropocène), la géographie et la philosophie réfléchissant à la relation de l’homme et de son milieu, etc. Ces réflexions ont fait en sorte que les notions de sacré, nature et humain ont été à la fois intégrées dans un discours universel, mais également séparées, opposées, voire posées en antagonismes. En déplaçant la nature « en dehors » de l’expérience profane, en la sacralisant, ces discours ont-ils involontairement contribué à créer une distance infranchissable menant à l’indifférence ? Comment l’étude du religieux permet-elle de mieux comprendre l’évolution de cette crise ?

  • Geneviève Pigeon, Chargée de cours en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
Études féministes et approches genre dans le champ religieux (1) (Local DS-1525)

Organisatrice : Marie-Andrée Roy, Professeure et directrice du Département de sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/2)

Atelier

Au cours des cinquante dernières années, sous l’impulsion de l’arrivée des femmes dans les départements d’études religieuses et dans le sillage de l’affirmation sociale du mouvement féministe, nous avons assisté à la transformation et à la diversification des objets d’études et des méthodes déployées en sciences des religions. Cette « révolution » a eu un impact considérable sur le développement des connaissances concernant le rapport et l’apport des femmes aux religions et au religieux. Dans le cadre de cet Atelier, qui se déroulera en deux temps, les intervenantes seront invitées à :

  1. caractériser les savoirs féministes touchant « Femmes et religions » produits et enseignés dans leur milieu; repérer les principales approches (méthodologies, théories) convoquées par ces travaux et enseignements; cerner les forces et limites de ces travaux et de ces enseignements;
  2. identifier les approches en émergence qui permettent un renouvellement de ce champ d’études; explorer les défis à relever au cours des prochaines années pour que se poursuive le développement de savoirs inclusifs concernant « Femmes et religions ».

  • Denise Couture, Professeure, Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal
  • Anne Létourneau, Professeure, Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal
  • Marie-Andrée Roy, Professeure en sciences des religions, UQAM

Religion, art et identité au sein de certaines communautés marginalisées sud-asiatiques (2) (Local DS-1540)

La période coloniale a eu un impact majeur sur certaines pratiques religieuses sud-asiatiques et sur les communautés qui y sont associées. Pensons par exemple aux devadasis qui furent longtemps décrites comme prostituées sacrées par les Britanniques; les hijras, ces hommes ayant une identité féminine, ont quant à elles été classées comme une classe de brigands (thugs) et ont rapidement été marginalisées suite à l’arrivée des puissances coloniales sur le territoire sud-asiatique. Cette vision coloniale a eu un impact important sur la perception locale et, encore aujourd’hui, les membres de ces communautés demeurent encore stigmatisés. D’autres micro-sociétés indiennes regroupent des individus ayant une orientation de genre, ou bien des pratiques sexuelles, qui vont à l’encontre des normes sociales généralement présentes en Asie-du Sud; nous pensons notamment ici aux sakhi bekhi, ces ascètes hindous masculins qui adoptent également une identité féminine afin de pouvoir entretenir une dévotion amoureuse avec leur divinité de prédilection, Krishna. Ici encore, la même stratégie coloniale fut utilisée afin de dévaloriser et la communauté, et les pratiques centrales aux membres de celle-ci caractérisant. L’objectif premier de ce panel est justement de faire ressortir les pratiques religieuses et artistiques associées à ces communautés et de démontrer comment celles-ci s’articulent avec l’identité profonde de ceux et/ou celles qui en font partie, comment celles-ci ont été transformées afin de faire face au jugement colonial et comment les pratiques toujours en cours permettent aux membres du groupe de légitimer, de justifier leur existence marginale.

Organisateurs : Mathieu Boisvert, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (1/1)

Identités de genre indiennes traditionnelles et non-normatives

L’objectif premier de cette communication est d’établir comment la sphère rituelle propre aux hijras – ces hommes sud-asiatiques arborant une identité masculine et vivant en communauté – vient à façonner l’identité de celles-ci.  Les rituels d’initiation (rta) et de castration (nirvan) seront bien entendu présentés et analysés, mettant en valeur l’appropriation d’une ritualité spécifiquement féminine au sein de leur communauté.  Nous mettrons également en valeur certaines pratiques de pèlerinage structurant l’identité hijra.  Cette présentation permettra d’ouvrir sur un univers plus large d’identités de genre non-normative en territoire sud-asiatique et de présenter certaines autres avenues possibles telles celles de sakhi et de jogta/jogti/devdasi.

  • Mathieu Boisvert, Professeur en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Silenced Voices and Forgotten Struggles : the Moralization and Nationalization of the Devadasis’ Artistic and Socio-Religious Identities

My paper proposal intends to analyses the impact of Western encounters with the artistic and socio-religious dimensions of the Indian courtesans’ culture. In my presentation, I will tackle the results of those encounters by taking as examples some accounts by European and North American travelers since the 13th century onwards (including missionaries, artists, colonial officers, etc.). I will particularly focus on the description of those women artists consecrated and attached to the local temples (devadasis) and royal courts (rajadasis). I will also show how their specific duty, role and function within the socio-cosmic order (dharma)  of the past Indian society, have intrigued, astonished and shocked the Western visitors in India. Some of them had deeply admired their art, whereas many others strongly condemned it. Imbibed by the moral values spread by the colonial educational systems and by the sermons of some religious predicators in India, those women artists and courtesans were virulently attacked, marginalizes and criminalized and in the course of time after almost a century of legal debates their artistic and socio-religious traditions got legally abolished by the Indian Government, just three months after the declaration of Indian Independence from colonial powers, in 1947.

  • Tiziana Leucci, Professeure au CNRS – CEIAS-Paris

Devadasi et Yogini – un territoire partagé

La figure de la devadasi occupe une place particulière dans l’imaginaire de nombreuses danseuses de Bharatanatyam. Figure à la fois glorifiée et mal menée, selon les époques et les discours, elle s’impose à nous tel un corps chimérique et mystérieux. Cette communication propose de renouveler et d’éclairer notre regard sur les devadasi à travers le prisme du concept de yogini. Une attention spéciale sera portée aux représentations iconographiques des yogini (bouddhistes et hindoues) et à ce qu’elles peuvent révéler à la danseuse que nous sommes. Enfin, nous tenterons de voir comment le rapprochement de l’univers des devadasi et de celui des yogini peut servir la création chorégraphique dans le cadre d’un projet doctoral en recherche-création.

  • Julie Beaulieu,  Doctorante en études et pratiques des arts, Université du Québec à Montréal, UQAM

Tradition hindoue et le concept d’altérité

Cette présentation étudie le concept d’altérité au sein de la tradition hindoue. Je vise à explorer plusieurs instances de la manifestation d’altérité dans la pensé hindoue tels que présentés dans les différentes notions religieuses. J’examinerai les concepts du dharma, atman, moksha pour discuter les implication d’altérité. Alors qu’il s’avère impossible d’aborder tous les aspects relatifs à l’interprétation de l’altérité dans la pensée hindoue, j’aimerais présenter ici une perspective non-occidentale et différente de la notion de l’« autre » .

  • Diana Dimitrova, Professeure à l’Institut d’études religieuses, Université de Montréal
Cosmopolitiques et dynamiques religieuses autochtones : savoirs locaux et réseaux transnationaux (4) (Local DS-R510)

Organisateurs : Laurent Jérôme, Professeur et Anne-Marie Colpron, Professeure associée en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (4/5)

Revendications politiques des Algonquins auprès des instances coloniales au 19e siècle. Aléas et paradoxes de l’implication des missionnaires catholiques

Les changements vécus, au 19e siècle, par les Autochtones du Moyen-Nord québécois sont généralement compris comme ayant été le produit cumulatif de deux agents de transformation principaux : l’État et les missionnaires. Ces derniers auraient eu des objectifs communs en ce qui a trait à l’assimilation religieuse, économique et sociale des Autochtones. Si ces affirmations ne sont pas inexactes dans leurs grandes lignes, la réalité historique montre d’énormes écarts entre les volontés politiques des Autochtones, des missionnaires et de l’État d’une part, et les résultats obtenus de l’autre. Cette présentation examine certaines de ces variations en prenant pour exemple les actions politiques de quelques bandes algonquines et de leurs missionnaires au 19e siècle. Elle montre que les missionnaires ont pu être des acteurs de transformation dans certains cas, mais ont été complètement écartés ou ignorés dans d’autres.

  • Leila Inksetter, Professeure en sociologie, Université du Québec à Montréal, UQAM

Formidables » ou « de type vicieux », comment la religion et la morale façonnèrent la scolarisation des Anicinabek 

Il est bien connu que l’État canadien s’est reposé sur divers clergés chrétiens pour contrôler les nations amérindiennes, les « civiliser », les éduquer (les faire rentrer dans le système scolaire). Ce que l’on sait un peu moins, c’est à quel point le colonialisme bureaucratique a été influencé par un cadre religieux et moral provenant du christianisme. J’entends par « colonialisme bureaucratique » le fait d’asseoir sa domination sur un peuple en imposant ses façons de faire et de penser via la bureaucratie, l’administration, ses lois et ses règlements. Ainsi, si quelques chercheurs ont montré que les agents des Affaires indiennes devaient être catholiques ou protestants, les pouvoirs religieux exerçant une influence discrétionnaire au sein du Département, l’impact de ce critère d’embauche sur les administrés amérindiens n’a guère été étudié. À travers des exemples d’échanges épistolaires entre agents pour décider à quelle école allaient être envoyés des enfants autochtones, je tâcherai de dégager cet impact et d’en montrer les conséquences.

  • Marie-Pierre Bousquet, Professeure en anthropologie, Université de Montréal

Le recours à la dimension religieuse dans les stratégies juridiques autochtones: une comparaison Canada-Australie

Cette présentation vise à brosser un portrait comparatif de la manière dont la dimension religieuse est mobilisée sur le plan juridique par les nations autochtones du Canada et aborigènes de l’Australie. Plus précisément, il s’agit de vérifier, à travers une série de jugements rendus par les tribunaux, jusqu’à quel point la configuration spécifique du cadre normatif de chacun des pays influence devant la cour 1) la manière dont cette dimension religieuse est évoquée d’un point de vue strictement ethnographique, 2) les fonctions socioculturelles qui lui sont attribuées, et 3) la qualification juridique par laquelle elle est introduite (liberté fondamentale, droit ancestral ou autres) et l’argumentaire justificatif. Par les similitudes et les divergences qu’elle révèle, cette démarche comparative permet d’établir dans quelle mesure le contexte juridique requiert d’adapter les représentations des systèmes religieux, révélant en ce sens des stratégies pragmatiques du côté des Autochtones et des Aborigènes, et dans quelle mesure il s’avère réceptif aux particularismes de ces derniers, révélant du fait même le caractère fondamental des objets de revendication.

  • Claude Gélinas, Professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines, Université Sherbrooke
  • 10h30 - 11h00 –– Pause-café (près du DS-R520)
  • 11h00 - 12h30 –– Session 6
Entre le sacré et les choses sacrées : problématiser la culture en sciences des religions (2) (Local DS-1520)

Organisatrice : Ève Paquette, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (2/2)

Religio sive cultura?

Tel haut gradé nazi, dit-on, sortait son révolver lorsqu’il entendait le mot culture. À en juger par plusieurs débats de société récents, bon nombre de nos contemporains dégaineraient volontiers eux aussi, en entendant le mot religion, si les armes de poing étaient moins sévèrement contrôlées ici qu'elles ne le sont au pays de l'Oncle Donald. On finirait d’ailleurs par en venir à penser que ces deux réalités, la culture et la religion, ne sont pas, tout compte fait, si différentes l’une de l’autre; que, pour le dire à la manière de Clausewitz, la religion n’est peut-être bien que la continuation de la culture par d’autres moyens. À moins de carrément pasticher l’identification que Spinoza avançait pour sa part entre Dieu et la nature : « la religion, c’est à dire la culture » ? Il se peut en tout cas que, pour le meilleur comme pour le pire, les efforts déployés depuis quelques décennies pour proposer des définitions plus englobantes de la religion soient en bonne partie responsables de cette étonnante interrogation, sur laquelle cette communication tentera de réfléchir.

  • Guy Ménard, Professeur retraité de sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

 Les cultural studies et l’occultation du sacré

Cette communication vise à explorer, en parallèle, quelques faits marquants du développement de la religiologie uqamienne et de celui des cultural studies depuis les années soixante-dix. Si des points communs entre les deux champs d’étude peuvent être identifiés, notamment leur capacité à théoriser le pouvoir structurant de la culture, les cultural studies se sont toutefois peu intéressées au sacré ni même, pourrait-on avancer, au fait religieux dans son ensemble. L’on tentera de comprendre cette occultation du sacré au sein des cultural studies en mettant en lumière le contexte dans lequel se sont développés les deux champs d’étude, les objets qu’ils ont privilégiés et la base théorique sur laquelle ils se sont respectivement construits.

  • Ève Paquette, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Éloge de la culture profane. La liberté d’expression et la critique de la religion

Dans le cadre de cette communication, je m’intéresse aux nouvelles configurations du profane et du sacré dans les conflits entre art et religion. Le blasphème et la satire fourniront des cas concrets à analyser afin de mieux comprendre les enjeux normatifs de la culture contemporaine dans ses contacts avec la sphère religieuse.

  • Walter Lesch, Professeur, Université catholique de Louvain

Fait religieux et monde numérique  (2) (Local DS-1545)

Organisateurs : Frédéric Dejean et Stéphanie Tremblay, Professeur.e.s en sciences des religions, UQAM (2/2)

L’extrémisme violent à l’ère numérique : quel est l’état des connaissances et que pouvons-nous faire?   

Cette présentation informera sur l’état des connaissances sur le sujet de l’exposition en ligne à des discours extrémistes violents et la radicalisation violente des individus exposés. À travers un rapport UNESCO et une revue systématique sur le sujet conduite par l’équipe du Réseau des praticiens canadiens pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent (RPC-PREV), nous présenterons le rôle des médias traditionnels ainsi que des médias sociaux, le processus d’influence en ligne et les recommandations possibles en terme de politiques et d’actions publiques.

  • Ghayda Hassan, Professeure en psychologie, Université du Québec à Montréal, UQAM

Le prof à l’ère des réseaux sociaux : le défi du transfert des connaissances sur le fait religieux dans la sphère publique

La propagation des idées et des courants politiques et religieux extrêmes à l’ère des réseaux sociaux est un défi de taille. Alors que des individus et groupes radicaux (religieux ou politique) font parfois la promotion de théories du complot ou de « fausses nouvelles » et travaillent à recruter les gens à leurs causes, quel(s) rôle(s) les spécialistes du fait religieux et des questions théologiques sont-ils/elles appelés à jouer ? Il semble que peu de spécialistes exploitent les mêmes options qui s’offrent à eux dans la sphère publique par l’utilisation des différentes plateformes médiatiques. Dans cette courte présentation, nous offrirons quelques suggestions sur les manières dont les spécialistes reconnu(e)s dans leurs domaines de compétences peuvent contribuer au transfert des connaissances au-delà des milieux académiques.

  • André Gagné, Professeur en études théologiques, Université Concordia

Religiosité et enchantement du numérique 

Pour majorité, les études qui se consacrent aux rapports entre les univers numériques et religieux peuvent être regroupées sous ce qu’il est convenu d’appeler la « religion numérique » (Digital Religion). On s’intéresse ainsi à la « religion numérisée », c’est-à-dire à la mobilisation fonctionnelle des outils et de l’espace à des fins de transmission d’informations religieuses (prières, rituels, dogmes, récits, produits et services), de stratégie de mise en marché du religieux ou de diffusion de discours. Sans y être complètement étranger, nous souhaitons explorer une autre dimension des rapports entre numérique et religion. Par les promesses et visions d’avenir qu’elle porte, l’ère du numérique dans laquelle nous sommes entrés ne comprend-t-elle pas une forme d’enchantement qui la rapproche d’une quête de sens de type numérique que nous pourrions, avec d’autres, appeler le numérisme ? À tout le moins, pour peu que l’on reconnaisse que la religion à quelque chose à voir avec l’idée que se fait la société d’elle-même, il est raisonnable de se demander si la révolution numérique, en engendrant l’avènement d’un nouveau type de société, ne comprend pas une fonction religieuse. Serions-nous face à un humanisme dit « numérique » qui, sous les traits d’un culte au « technosacré », présenterait les caractéristiques sociologiques d’une religiosité nouvelle ? Des événements récents (vol de données personnelles, radicalisation religieuse en ligne, cyberintimidation, commercialisation du Web, etc.) annoncent-ils une forme de désenchantement?

  • Martin Vaillancourt, Étudiant-chercheur en sciences religieuses, Université Laval
  • Jean-Philippe Perreault, Professeur en sciences religieuses, Université Laval
Cosmopolitiques et dynamiques religieuses autochtones : savoirs locaux et réseaux transnationaux (5) (Local DS-R510)

Organisateurs : Laurent Jérôme, Professeur, et Anne-Marie Colpron, Professeure associée, en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM (5/5)

Agir par un autre? La politique des rêves achuar, entre interdépendance et indétermination de la source du pouvoir individuel

Le terme générique kara désigne, en achuar chicham, une catégorie d’événements comprenant les rêves nocturnes, les visions rituelles narcotiques ainsi que des visions diurnes ordinaires. Lors de mon terrain de recherche, l’un de mes hôtes me dit que « kara, c’est toujours une rencontre ». La littérature ethnologique, en se fondant sur le fait que les Achuar élaborent des prédictions à partir de leurs récits de rêves quotidiens, a développé une lecture technocentrée de cet événement-type. La communication onirique avec des entités spécifiques (ancestrales, mythiques, animales) serait le moyen d’un contrôle symbolique de la personne, ou d’une certitude subjective, dans un environnement imprévisible. Cependant, l’incertitude (épistémique et ontologique) et la plurivocité mises en scène par les récits sont des éléments centraux de la valeur socialement signifiante des narrations oniriques. Je propose de les comprendre comme des stratégies narratives par lesquelles les Achuar ont élaboré une certaine politique du sujet : la dépendance de la capacité d’agir individuelle à l’égard d’une source de pouvoir collective.

  • Raphaël Preux, Doctorant en anthropologie, Université de Montréal

Dimension spirituelle de deux collectifs d’activistes à Bruxelles 

À partir d’un terrain ethnographique au sein de deux mouvements citoyens belges, cette communication interrogera la dimension spirituelle sous-jacente aux modes d’organisation et de prises de décision que ces groupes essaient de mettre en place. Mandala holistique, jeu du Tao, etc., un nombre important d’outils utilisés portent une connotation ésotérique et puisent dans des traditions philosophiques et spirituelles variées. Ils participent de la construction d’une gouvernance qui modèle une culture politique particulière se transmettant aux nouveaux venus. Dans cette communication, je m’attacherai à mettre en lumière quelques-unes des sources religieuses ou spirituelles influençant les activistes ainsi que les traits les plus saillants de cette nouvelle culture politique.

  • Saskia Simon, Chargée de cours invitée, Université catholique de Louvain

Discussion

  • animée par Sylvie Poirier, Professeure en anthropologie, Université Laval
  • 12h30 - 14h00 –– Lunch (D-R200)
  • 14h00 - 15h30 –– Conférence plénière synthèse : Philippe Martin et Stéphanie Tremblay (DS-R510)
Conférence plénière synthèse : Philippe Martin et Stéphanie Tremblay (Local DS-R510)

Synthèse des travaux du colloque et prospective

Deux intervenants qui ont suivi les travaux du colloque identifient les tendances porteuses à privilégier et des défis à relever pour assurer la pertinence académique et sociale des sciences des religions au cours des prochaines années. 

Intervenants

  • Stéphanie Tremblay, Professeure en sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM
  • Philippe Martin, Professeur en histoire moderne, Université Lyon 2 ; Directeur de l’ISERL–Lyon 2

Discussion

  • animée par Marie-Andrée Roy, Professeure et directrice du Département de sciences des religions, Université du Québec à Montréal, UQAM

Département de sciences des religions

Né avec la création de l’UQAM comme université publique, démocratique et laïque, le Département de sciences des religions, qui n’a aucune attache confessionnelle, offre à tous les cycles des formations ouvertes, polyvalentes et critiques : trois programmes au 1er cycle, trois au 2e cycle; et un doctorat conjoint. Ses enseignements et ses recherches multidisciplinaires mettent l’accent sur 2 grandes déclinaisons du phénomène religieux : 1) Les traditions religieuses, leur histoire et leur présence dans le Québec contemporain; et 2) Les dimensions religieuses et éthiques de la culture, des productions culturelles, des institutions sociales et de la subjectivité individuelle.

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Département de sciences des religions
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455, Boul. René-Lévesque Est
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